Qui n’a jamais entendu dire qu’une slide efficace est une slide avec peu de contenu et le moins d’éléments visuels possible pour éviter de perturber la concentration ? Le web pullule de conseils en tous genres sur Powerpoint et il devient difficile de faire le tri. Alors, c’est vrai ou pas ? Faut-il vraiment faire des slides super-lights ?

La simplicité au secours de vos messages

Vous avez forcément déjà assisté à une présentation bien chargée en vous demandant comment il aurait été possible de mettre plus d’information sur une seule slide. Cela nous arrive régulièrement à l’agence. Certains clients nous appellent justement pour résoudre ce problème.

# Qui pourra en mettre plus ?

Il nous est arrivé de voir des diapositives tellement saturées d’informations qu’on avait l’impression de se retrouver en face d’un condensé du Petit Robert sur une seule page ! Réussir à faire plus relèverait du défi. Franchement, si quelqu’un y était arrivé, il aurait mérité une médaille ou sa statue au musée Grévin.

Le problème est récurrent avec les présentations Powerpoint parce qu’on ne comprend pas ce qu’est une présentation orale. Bien souvent, Powerpoint est utilisé comme un fichier Word en format paysage. Et comme on veut tout dire de peur de manquer de précision, on met tout ce qu’on peut. Aie… Si vous avez déjà assisté à ce genre de présentation (et je sais que c’est le cas), vous savez à quel point il faut être courageux pour supporter jusqu’à la fin le supplice.

# S’adapter au cerveau humain

Reprenons. Une présentation orale soutenue par un support Powerpoint est pourtant un moyen de communication d’une efficacité redoutable. Si vous en doutez encore, vous pouvez lire notre livre Powerpoint, le vrai du faux qui vous expliquera en détail le pourquoi du comment à l’appui de nombreuses études universitaires, ou encore notre article “Powerpoint est-il vraiment votre ennemi ?”. Le problème de la surcharge d’informations est évident : personne ne peut ingurgiter autant de contenu à la fois, même super-man.

En fait, notre cerveau ne peut gérer qu’un nombre limité d’informations en simultané. On avance parfois le nombre de 3 maximum, mais ce chiffre peut varier en fonction des études. Là encore, je vous renvoie vers notre livre qui creuse le sujet de la mémoire de travail en profondeur.

La conséquence en présentation est simple : si vous mettez trop d’informations sur une slide, votre public ne comprendra rien. Vous vouliez tout le détail pour être le plus précis possible, le résultat est que personne n’a rien retenu : ni les précisions, ni même l’essentiel. Dur ! Quand je pense au temps que vous avez passé à préparer votre présentation…

# C’est tellement mieux quand c’est simple !

Alors faisons bien, faisons simple. Tout ce qui n’est pas essentiel pour atteindre votre objectif doit tout simplement être supprimé. Ça fait un peu mal la première fois, mais après on s’habitue !

Ensuite, vos slides ne sont pas votre discours. Ce que vous dites à l’oral ne doit pas être la même chose que ce qu’on voit sur vos slides. Votre public est grand, il n’a pas besoin d’un lecteur. Imaginez un film où le narrateur (la petite voix qui parle mais qu’on ne voit pas, vous savez, celle qui dit “il était une fois”) dirait exactement la même chose que ce qu’on voit à l’écran pendant toute la durée du film. Vous imaginez ? Je n’ai pas vraiment envie de voir ce film, et vous non plus !

Vos slides doivent s’harmoniser avec votre discours, le soutenir, et non pas être une répétition. Conçus de cette manière, vos slides pourront être plus light. Et vous devrez vous y astreindre : moins il y en a, mieux ce sera. Parfois, une simple image peut suffire. Assurément, la simplicité rendra votre présentation plus facile à suivre. Certes, ça ne fait pas tout pour être vraiment persuasif (rentrent aussi en jeu les contenus, la structure, le scénario, le visual thinking, etc. ), mais c’est indispensable.

Y’a plus qu’à ! Mais attention, il y a un piège… Voyons ça de plus près.

Ne pas confondre la simplicité et le simplisme

La simplicité, ce n’est pas le simplisme. Si l’affirmation est facile à faire, la nuance n’est pas toujours simple à appréhender. Pourtant, elle est importante pour ne pas tomber dans le piège de l’épuration stérile.

# Simplicité ou simplisme ?

D’abord, ne pensez pas que simplisme veule dire “encore plus simple” que la simplicité. Ce n’est pas une version plus épurée encore qu’une version en simplicité. Il n’en est rien, ce sont des concepts différents.

La simplicité dont je parle ici, c’est le fait de chercher la manière la plus simple d’exprimer avec exactitude une idée. Les raccourcis et autres conclusions hâtives ne sont pas de la simplicité. Ils créent au contraire de la confusion et, bien souvent, de l’opposition. Le public se demande pourquoi vous passez sur des informations comme si elles n’avaient pas d’importance. Il va se méfier et perdre la confiance.

Ce n’est plus de la simplicité, mais du simplisme. Ce dernier est un vilain “défaut consistant à simplifier outre mesure en négligeant certains caractères importants” (CNRTL). En clair, c’est vouloir faire simple sans réussir : on passe sous silence ce qui est nécessaire à une bonne appréciation du sujet.

# Surcharge cognitive ?

Ce que nous venons de dire s’applique essentiellement aux contenus de la présentation. Mais comment ça se traduit sur des slides Powerpoint ? Notre cerveau, nous l’avons dit plus haut, ne peut retenir qu’environ 3 informations en simultané. Doit-on limiter/supprimer tous les éléments graphiques pour éviter la surcharge cognitive ?

C’est la proposition de Nicolas Beretti, auteur de Stop au PowerPoint !, qui expliquait dans un article de L’Express qu’ “Une présentation est faite pour être vue, pas pour être lue. Bannissez donc toute longue phrase au profit d’un ou deux mots clefs seulement, mis en lumière en éliminant toute perturbation visuelle autour.” Jusque-là, on est d’accord.

Puis il ajoute à la suite dans le même article que “Le logo de votre entreprise, la date ou le lieu, ou encore votre nom n’ont plus rien à faire sur les slides autres que la première, et encore.”. Et là, on est tombé dans le simplisme… Revenons à notre cerveau pour comprendre.

# Super cerveau !

Si l’être humain ne peut retenir et analyser que peu d’informations à la fois, il est pour autant capable de regrouper des informations entre elles. Il fait un petit “paquet” et le traite comme une seule et même information.

Par exemple, si je vous parle du marché automobile, vous pouvez me dire qu’il existe des véhicules citadins, des véhicules routiers, des utilitaires… Ce sont des regroupements. Quand vous dites “véhicules citadins”, vous avez englobé plein d’informations différentes comme les citadines française, les citadines allemandes, les citadines asiatiques, etc. Et là encore, on est dans des regroupements : on pourrait descendre comme ça du général au plus en plus précis. Vous pouvez, là aussi, lire notre livre à ce sujet.

Concrètement, vous pouvez conserver des éléments comme le logo sur toutes les slides dans la mesure où il est placé de manière logique. Votre public comprendra que cette information visuelle fait partie “du décor” et, par conséquent, qu’elle n’est pas une nouvelle information à traiter à chaque fois que vous changez de slide.

Cela implique que ce logo ne prenne pas trop de place (de toute façon ça donnerait une image cheap), qu’il soit intelligemment placé pour ne pas gêner le vrai contenu, et qu’il soit toujours à la même place !

Dans le doute, vous pouvez bien sûr enlever tout de même les éléments qui ne sont pas directement votre message. Ce n’est pas mieux (loin de là), mais vous aurez moins de risque de mal faire et de nuire à votre présentation. Finalement, l’affirmation de Nicolas Beretti peut être comprise comme une règle de prudence !

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