La récente étude que nous avons menée sur votre ressenti et vos habitudes en présentation est formelle ! Sur le podium des raisons qui mènent à une présentation ratée se trouvent : 

  • à la première place, le trop d’informations
  • à la troisième place le manque de structure 

Conclusion implacable : votre auditoire est assommé par la complexité des informations que vous souhaitez lui transmettre. KO debout. 

Mais si le constat est simple, l’art est difficile. Faire passer une information complexe à l’oral est tout sauf un jeu d’enfant. Parce que la présentation est un exercice difficile, qui se prépare, mais aussi parce nous sommes contraints par les propres limites de notre cerveau !

Comment contourner ces limites pour réussir à faire passer des informations complexes à votre audience ? C’est ce que nous allons aborder dans cet article.

Les limites de notre cerveau

Nous le disions donc précédemment, le cerveau cognitif a ses propres limites. Que l’on soit un homme ou une femme, personne n’est réellement multitâche (désolé…). Pour mieux comprendre comment les contourner, commençons déjà par les décrire.

Les limites de nos mémoires

A la base de la compréhension et de la mémorisation des informations, se trouve notre mémoire. Celle-ci a un fonctionnement bien particulier, pour éviter la surcharge. Il faut déjà savoir qu’il existe trois types de mémoires aux rôles bien différents : 

  • La mémoire sensorielle

La mémoire sensorielle a pour rôle de capter les stimulis externes et de les stocker pour un temps très bref (maximum 2 sec). Pour éviter les surcharges, le cerveau n’interprète pas ces informations. A moins qu’elles n’attirent notre attention et demandent à être analysées pour prendre une décision. C’est là qu’intervient la mémoire de travail.

  • La mémoire de travail

Celle-ci fonctionne en deux temps. Tout d’abord, elle va repérer les informations sensorielles qui méritent d’être analysées. Ensuite, elle les analyse, tire des conclusions et décide de l’action à déclencher.

Lors de la première étape, la mémoire de travail consulte les stimuli stockés par la mémoire sensorielle et les compare avec les informations dans la mémoire à long terme (décrite ci-après). Cela permet de savoir si le stimuli sort de la norme et de l’identifier. S’il est habituel, on n’y prête pas attention. S’il sort de l’ordinaire, la mémoire de travail compare les informations reçues avec les savoirs de la mémoire à long terme, afin cette fois d’en tirer des conclusions. Elle stocke finalement cette expérience dans la mémoire à long terme, créant ainsi de nouveaux savoirs.

  • La mémoire à long terme 

Comme son nom l’indique, son rôle est de stocker durablement les connaissances.

En s’appuyant sur ces différents processus, la démarche du cerveau cognitif est de réduire la charge d’informations à retenir. Seul un nombre limité d’informations arrive à l’étape deux de la mémoire de travail.

Le problème, c’est que la mémoire de travail n’est capable de traiter qu’un faible nombre d’informations en simultané. Il est estimé à 3 ou 4.

Venons-en à nos problématiques de présentations. Reparlons des slides prompteurs, ou des supports qui sont tellement chargés qu’ils se suffisent à eux-mêmes. On voit bien ici le problème !

En surchargeant l’audience d’informations, qui s’ajoutent à ce que dit l’orateur, on arrive à l’inverse du but recherché. On empêche la mémoire de travailler et donc l’audience de mémoriser le message.

Baromètre 2023 des présentations en entreprise

Les limites des buts fixés

Mais si les seules limites de notre cerveau cognitif étaient liées au fonctionnement de notre mémoire, ce serait trop simple ! Nous sommes également limités par le nombre de tâches que nous pouvons réaliser en parallèle.

Cela a été démontré par une étude d’Etienne Keochlin, directeur du laboratoire de neurosciences cognitives à l’École Normale Supérieure, et de son collègue Sylvain Charron. Leurs travaux ont conclu que : “lorsqu’une personne se fixe deux buts simultanément, chacun d’eux est représenté dans un hémisphère différent de son cerveau. Au-delà de deux buts, le cerveau humain ne semble plus en mesure de coordonner”. 

La publication conclut que “l’espèce humaine semble incapable de réaliser plus de deux tâches en même temps”. 

Par conséquent, le problème est double. Le cerveau humain n’est pas seulement limité par le nombre réduit de données qu’il peut traiter simultanément, mais encore par le nombre de tâches qu’il peut opérer à la fois.

Ce nouvel enseignement est particulièrement important dans un contexte de présentation. Il met avant le fait qu’un auditeur aura du mal à écouter l’orateur et à analyser en même temps les contenus d’un support visuel. Si une quelconque tâche supplémentaire s’ajoute, il ne le pourra plus du tout, au détriment des messages.

Comment contourner ces limites en présentation ?

Voici ce que nous pouvons déjà retenir. Pour transmettre les messages de façon efficace et “aider” le cerveau du public à retenir le message, il faut limiter le nombre d’informations simultanées qu’il reçoit.

On évitera donc les slides avec une liste à puces de 50 informations différentes ! Cela surcharge les limites de traitement de la mémoire de travail. Le temps que la mémoire traite ces informations, vous pouvez toujours parler, personne ne vous écoute…

Il faut se concentrer sur l’essentiel : l’information présentée est-elle indispensable à la compréhension du message ?

La logique pyramidale

Mais n’y a-t-il pas un moyen de contourner ces limites ? De faire passer un nombre d’informations plus important ? Justement, si !

Les travaux de Patrick Lemaire, chercheur au CNRS, ont défini une chose. Même si la capacité de stockage de notre mémoire est limitée, elle peut être dépassée en utilisant une logique de regroupement. En regroupant des éléments d’informations complémentaires, on peut augmenter les capacités de traitement de la mémoire de travail.

Prenons un exemple : vous souhaitez passer chercher du pain en sortant du travail. Cette action regroupe un nombre important d’informations différentes : prendre de la monnaie, vos clés, aller à la voiture, retrouver le chemin, vous garer, acheter le pain, etc.

Un nombre d’informations très important qui suffirait à surcharger votre mémoire. Mais en les regroupant dans un ensemble plus grand (et cohérent), “aller chercher du pain après le travail”, votre cerveau est capable de les traiter.

Et ce processus de structuration peut se répéter indéfiniment. En réunissant ensemble plusieurs regroupements, le cerveau peut constituer une sorte de « super-regroupement » par le même mécanisme. Et ainsi de suite, autant que nécessaire.

C’est ce mécanisme pyramidal qui nous permet de comprendre et concevoir des raisonnements complexes. Malgré les limites de notre cerveau.

Application en présentation

Revenons-en à nos problématiques de présentation. Comment y appliquer ces enseignements ?

Pour transmettre des informations complexes de façon compréhensible, vous devez exploiter ce système pyramidal. Mais comment ? En regroupant logiquement entre eux les messages connectés. Vous pourrez ainsi présenter les informations progressivement, étape par étape, en commençant par le niveau le plus haut et en descendant petit à petit vers les niveaux les plus bas. Autrement dit, il faut organiser les messages sous la forme d’une pyramide à étages et les présenter ensuite étage par étage. 

Cette démarche progressive a l’avantage de soumettre à l’auditeur un petit nombre d’informations, que sa mémoire de travail est capable de traiter, avant de descendre à un niveau de détails inférieurs. 

Cela permet d’alléger considérablement la charge cognitive et de ne pas en dépasser les limites. D’autre part, elle fournit au cerveau une structure des informations conformes à sa manière naturelle de procéder. Les bénéfices sont doubles : cela facilite la rétention des messages reçus et rend la transmission de ces messages plus efficace.

Evidemment, le fonctionnement du cerveau cognitif en présentation est un sujet complexe. Nous espérons que ces quelques informations vous aideront déjà à y voir plus clair. Pour en savoir plus sur ce sujet, nous avons compilé le résultat de plusieurs études scientifiques dans un ebook gratuit. Téléchargez-le sur notre site.

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